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Médiathèque

Repéré pour vous

Éducation

Quelle participation, quelle citoyenneté ?

Comment les enfants peuvent être reconnus et valorisés en dehors de la famille et de l’école ?
Comment les enfants peuvent agir et participer au-delà des faiblesses et des inégalités individuelles et sociales ?
Comment répondre à leurs attentes, notamment dans le domaine de la représentation qu’ils ont des inégalités et des injustices ?

Voilà les objectifs de la recherche menée par Malatesta et Golay [1] à partir de la question : « Quelle citoyenneté et quelle participation quand il s’agit d’enfants ? »

La présentation des résultats met en évidence différents enjeux et amène à mettre l’accent sur certaines pistes de réflexion et de développement [2].

Du côté des enfants, deux constats ressortent des entretiens menés avec celles et ceux qui se sont engagés dans ces expériences participatives (une cinquantaine d’enfants âgés de 9 à 12 ans répartis dans 3 centres d’animation et dans 2 Apems). Premièrement, les enfants veulent bien être pris en considération dans leur expérience quotidienne d’un vivre-ensemble dans un quartier, un établissement scolaire, des situations familiales. Deuxièmement, le partage des expériences dans le collectif les amène à s’exprimer sur des problèmes plus généraux comme les inimitiés entre enfants, le problème de la violence dans l’espace public ou les problèmes familiaux.

Du côté des professionnel·le·s sont mis en évidence l’importance du collectif et de l’encadrement d’une part et la régulation des inégalités d’autre part. Deux postures peuvent être repérées :

–       Soit on réfléchit à la place des enfants dans l’action publique et on cherche à en faire des êtres responsables et actifs en leur apprenant les procédures – organiser, réaliser des projets, voter, débattre etc.- ce qui peut être qualifié d’éducation à la citoyenneté. On se retrouve alors face à une vision réductrice de la démocratie puisque celle-ci ne se résume pas au droit de vote mais se préoccupe de la régulation des injustices, de la prise en compte des minorités et de l’accès à l’espace public.

–       Soit on regarde les enfants et leurs expériences sociales, mettant l’accent sur ce qu’ils vivent ici et maintenant dans le collectif, mettant à leur disposition un espace d’expression où les savoirs sont partagés et les sujets individuels valorisés. L’objectif visé est moins de former des citoyens et des citoyennes que de favoriser l’intégration de tous et de toutes dans un projet reconnu comme étant celui de chacun.

La question de l’encadrement se pose aussi car les enfants, en tant que groupe, ne parviennent pas, sans support, à prendre part à des discussions collectives, à s’engager, à se responsabiliser, s’ils ne peuvent identifier le sens de la démarche. Au professionnel donc de définir des objectifs clairs et de maîtriser le sens et les enjeux du dispositif. A cet âge, la dépendance des enfants vis-à-vis des adultes chargés de leur socialisation ne peut être occultée au risque de les instrumentaliser au nom de la participation. Le groupe d’enfants ne peut être considéré comme un espace « égalitaire », un des enjeux du collectif sera donc la prise de conscience par les enfants des inégalités et leur régulation par les adultes. Sinon la parole publique des enfants risque d’être l’expression individuelle des dominants indépendamment de l’appartenance à un collectif. L’expérience de la communication et de l’action partagée est une condition nécessaire à la constitution d’un « nous » qui peut alors exister vis-à-vis de l’extérieur.

[1] Malatesta, D.,Golay, D. (2009), L’enfant dans la Cité : enjeux de reconnaissance, enjeux de citoyenneté, enjeux de travail social. Les « tweens » (9-12 ans) à Lausanne et Bussigny. Rapport de recherche à l’intention de la ville de Lausanne, Lausanne : EESP
[2] Malatesta, D., Golay, D, Les villes s’initient aux conseils d’enfants, REISO, octobre 2012