Rechercher sur le site du CREDE

Médiathèque

Repéré pour vous

Éducation

Parents et professionnel·le·s : ni collaboration, ni coopération mais coéducation

Rencontrer les parents des enfants accueillis revient à les accueillir aussi. Mais pas seulement. Il n’y a pas de consensus de ce qui est juste et bon de transmettre aux enfants. La coéducation est donc un processus à développer pour que chaque enfant ne se sente pas écartelé entre sa famille et son lieu d’accueil.

Dans le rapport de la recherche qualitative « L’accueil parascolaire vu par les parents et les enfants » [1], il ressort que les parents sont très sensibles à la qualité de l’accueil et de l’encadrement dans les structures fréquentées par leurs enfants. Il est important pour eux que leurs enfants soient pris en charge de façon constante par les mêmes personnes qualifiées. Cette continuité permet de prendre en compte les besoins individuels des enfants et « de nouer des relations étroites avec les familles » [2].

Dans leur ouvrage, Deana et Greiner [3] invitent les lectrices et lecteurs à se confronter aux questions essentielles : quel est le sens des rencontres avec les parents, comment aller à leur rencontre ? Il s’agit d’une démarche complexe qui demande aux professionnel·le·s d’incarner une posture relativement inconfortable, à la fois arrimés à des repères solides et aptes à se mouvoir. Il est aussi important de maintenir, entre parents et professionnel·le·s, une bipolarité, prenant en compte les avis différents, opposés ou complémentaires.

Sellenet [4] nous rappelle qu’il n’y a pas de consensus en éducation de ce qu’il est bon et juste de transmettre aux enfants. L’éducation doit à la fois faire confiance aux potentialités de l’enfant tout en le dirigeant. Or ce sont ces différences d’appréciation, ces divergences non dites, parfois non repérées, qui empêchent ou freinent la rencontre entre les parents et les professionnel·le·s. Leurs deux visions doivent coexister. La tendance est à la coéducation. Mais pour parler de coéducation, il faut que chacun des partenaires auprès de l’enfant soit en accord sur des objectifs définis. Si les uns privilégient une éducation où l’enfant est mis en position de décideur et d’acteur alors que les autres privilégient le contrôle et un rapport autoritaire, cette divergence non parlée ou non négociée débouchera sur un conflit ouvert. La coéducation instaure un rapport d’équilibre entre les parents et les professionnel·le·s, ce que ne permettent ni la collaboration (qui n’est que la mise en commun des ressources et des savoir-faire des personnes mais sans partage de la décision), ni la coopération (qui est le partage des responsabilités et des tâches). Co-éduquer signifie faire émerger un nouveau style de communication et nous engage dans une relation permanente où nous sommes modifiés autant que nous modifions l’autre. « En ce sens, parents et professionnels ont autant à apprendre les uns des autres » [5].

[1] Le rapport de recherche « L’accueil parascolaire vu par les parents et les enfants » a été publié par la Commission fédérale de coordination pour les questions familiales COFF.

[2] Idem, p.9.

[3] Deana, C. ; Greiner, G. (Dir.), 2012, Parents-Professionnels à l’épreuve de la rencontre, Toulouse, Erès

[4] Sellenet, C. (2012), Parents-professionnels : une co-éducation en tension, In : Deana, C., Greiner, G. (Dir.), Parents-Professionnels à l’épreuve de la rencontre, Toulouse, Erès, pp. 29-48.

[5] Sellenet, C. ibid., p. 48.