La chaise de Peter est une pépite publiée pour la première fois aux États-Unis en 1967.
L’auteur, Ezra Jack Keats, est né en 1916 dans une famille juive polonaise installée à New York. Son expérience personnelle l’a sensibilisé aux discriminations et à l’intolérance, quelles qu’elles soient. Il fut ainsi le premier auteur américain à offrir, dans ses histoires, une place centrale aux enfants noirs.
Faire l’acquisition d’albums avec le souci d’offrir plus de visibilité pour la différence n’est pas toujours simple. L’offre en littérature de jeunesse est très uniforme et pas encore suffisamment représentative de la société actuelle dans sa diversité. Trouver des livres qui proposent aux enfants de toutes ethnies des héros qui leur ressemblent, des figures dans lesquelles ils peuvent se projeter est parfois digne d’une chasse au trésor.
L’illustration très graphique avec ses jeux de papiers peints, les cadrages astucieux et la progression du récit nous plongent dans la vie de cette famille qui s’agrandit. Le thème est universel : accueillir un petit frère ou une petite sœur n’est pas toujours facile !
L’auteur nous donne à sentir toute la dimension « dramatique » qui se joue pour Peter, qui voit sa vie chamboulée par la naissance de sa petite sœur Susie.
Il ne peut plus faire de bruit, ses parents peignent en rose tous les meubles de la maison. C’en est assez ! Personne ne lui prendra sa petite chaise bleue ! Quitte à rester assis dessus aussi longtemps qu’il le faudra. Mais lorsque Peter fait mine de s’asseoir, il s’aperçoit que sa chaise est devenue bien trop petite pour lui…
Beaucoup de bienveillance et de tendresse se dégagent de cet album à la petite touche vintage et aux grandes qualités littéraires.
Édité pour la première fois il y a cinquante ans, le rose s’imposait pour les petites filles… cela a-t-il vraiment changé ?
Keats, E. J. (2013), La chaise de Peter, Paris : Didier Jeunesse