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Littérature jeunesse et activités

Tout sur la littérature jeunesse de la petite enfance aux jeunes adultes

Raconter des histoires aux enfants et leur donner la possibilité de feuilleter et/ou de lire des albums participe au développement de leur imaginaire, notion essentielle de cette période de la vie qui s’étend entre 5 et 10 ans. Le plus important, selon Sophie van der Linden, est de favoriser, en toutes circonstances leur choix autonome de livres parmi une offre diversifiée. C’est ici que l’accueil parascolaire a un rôle important à jouer.

Si l’attractivité des écrans et l’omniprésence des tablettes et des smartphones auprès des enfants réduisent la place accordée à la lecture de livres, il ne faut pas pour autant faire du livre l’antithèse des écrans.

Le livre a des vertus qui le rendent intéressant. Il offre une plage de silence dans un environnement sonore souvent saturé, se présente toujours de la même manière et se lit de façon linéaire. Il a une permanence rassurante, ne tombe jamais en panne. « Enfin, il apporte de l’apaisement là où les écrans ont plutôt tendance à favoriser l’excitation. Il est un objet culturel qui peut être choisi, y compris par les enfants eux-mêmes, dans le vaste ensemble des objets culturels. » [1]

Les livres offrent des opportunités diverses : en abordant des questionnements que l’enfant n’ose pas aborder avec ses proches et en apportant un discours nuancé, mis en perspective et qui peut être différent de celui exprimé par sa famille ou par l’école. Il permet aussi une mise à distance des angoisses profondes et aide parfois à se projeter avec désir et confiance dans l’avenir.

De plus, la lecture contribue à réduire le stress en agissant sur le rythme cardiaque et la tension musculaire. Elle n’est pas qu’une simple distraction mais un engagement mental et physique complet.

« En provoquant des émotions en nous, la littérature pousse les murs, éclaire l’obscurité, créée des passerelles, déforme les frontières. Elle ne nous apprend pas à vivre, mais à être plus vivant, plus près de nous-même et plus près des autres. » [2]

Albums, bandes dessinées, mangas, tous sont des livres intéressants. La diversité des supports est un moteur essentiel de la motivation et une clé pour la compréhension. Si un enfant lit des bandes dessinées, il faut s’en réjouir car sur le plan cognitif, c’est une lecture complète qui associe et combine lecture de textes et d’images en séquences.

Entre 5 et 7 ans : premiers pas vers l’autonomie. C’est une période qui demande beaucoup de souplesse dans le choix et l’accès aux livres. Les enfants évoluent très vite dans cette phase d’apprentissage et aiment découvrir de nouveaux supports, comme la bande dessinée, dont l’articulation du texte et des images peut soutenir l’accès à la lecture autonome. Plus qu’à tout autre moment, il faut être à leur écoute, accompagner leurs choix, quels qu’ils soient, même s’ils donnent l’impression d’une régression ou d’une plongée vers des lectures trop difficiles.

Entre 7 et 9 ans : début de la lecture individuelle. Lors de cette période de grande ouverture et de curiosité, les propositions de lecture devraient être très diversifiées. Les écarts commencent à se creuser entre les lecteurs et les lectrices. Certains peinent à quitter les premières lectures, d’autres ont déjà entamé la saga Harry Potter. Pour les enfants en difficulté de lecture, Sophie van der Linden préconise de leur lire énormément de livres à voix haute. Et ceci jusqu’à l’âge de 12 ans.

Entre 9 et 12 ans : l’âge charnière. C’est la tranche d’âge qui compte le plus grand nombre de lecteurs et lectrices et une période privilégiée pour la lecture personnelle de loisir. Il est recommandé de conserver une grande diversité de supports pour stimuler ou conserver la compréhension et le goût de la lecture (presse, documentaire, bande dessinée, livre illustré et romans).

Si les albums jeunesse sont en vogue, leur lecture est subtile, difficile, innovante, étrange et stimulante.

Pour Nicholas Carr [3] lire un livre ou un long texte en entier relève presque de la lutte. L’attention demeure mais elle n’est plus profonde. L’hyperattention, terme que l’on doit à Katherine Hayles, professeure de littérature, se caractérise par des changements soudains d’objectifs et d’activités, une préférence pour les flux multiples d’information, la nécessité d’être très stimulé et une faible tolérance à l’ennui. Internet favorise la lecture « industrielle » en diagonale. Là où la lecture profonde sans interruptions nous enrichissait, celle sur le Net nous affaiblit en éparpillant notre concentration sur des éléments le plus souvent sans intérêt autre que de nous distraire. Ce qui est problématique pour le lecteur débutant qui risque bien de prendre cette lecture de consommation comme lecture de référence. D’où l’importance de proposer aux enfants les supports « livres ».

On ne peut obliger un enfant à aimer la lecture. Mais permettre à chacun et chacune la rencontre avec la littérature lui offre un moyen direct et intime d’accéder à la symbolisation de ses expériences de vie, de penser le monde et les autres. Notre besoin de récits est fondateur de l’humanité.

[1] Van der Linden, S. (2021), Tout sur la littérature jeunesse de la petite enfance aux jeunes adultes, Gallimard Jeunesse, p. 69.

[2] Dole, A.  (2019), De l’importance des héros LGBT en littérature jeunesse. Cité par Van der Linden, S. (2021), Tout sur la littérature jeunesse de la petite enfance aux jeunes adultes, Gallimard Jeunesse

[3] Carr, N. (2011), Internet rend-il bête ?,  R. Laffont