Avec ses personnages faits de bric et de broc tellement expressifs, ce créateur-bricoleur met en scène deux personnages à un arrêt de bus qui, chacun à leur manière, doivent patienter un certain temps avant son arrivée.
Avec eux, nous allons vivre cette attente et il y a fort à parier qu’arrivant au terme de cette histoire, vous réaliserez que vous avez lu certainement un peu vite et… loupé quelque chose !
Cette mise en condition malicieuse est digne de son auteur qui sait si bien épingler nos travers contemporains, nous invite à y réfléchir avec le sourire mais ceci sans moralisme aucun.
Donc, à notre arrêt de bus, un bonhomme à casquette est assis, immobile, pas tout jeune mais visiblement attentif au monde qui l’entoure (yeux bien ouverts). Il est rejoint par un autre personnage, tout en longueur et quelque peu « fatigué » (un jeune adulte ?), accompagné de son téléphone portable au format géant. A l’immobilité du premier répond l’agitation du second qui visiblement est uniquement branché au monde virtuel et manifeste son agacement en activant toutes les ressources technologiques misent à sa disposition.
Au fil des pages, cette agitation focalise étonnamment la lecture et, comme rien ne bouge du côté de celui qui est assis (sauf ses yeux), on oublie de regarder ce qui se manifeste dans l’infiniment petit et vivant de cet environnement urbain.
C’est seulement à l’arrivée du bus que le bonhomme à casquette va se lever et s’adresser, non sans un brin de malice, à son cadet.
Une lecture pour sourire mais également réfléchir et partager entre générations.
A savourer aussi en observant tous les matériaux utilisés pour cette réalisation graphique. Cela peut certainement donner des idées.
A vous la fin de l’histoire, la chute valant le détour, et il ne faudrait surtout pas la rater !
Voltz, C. (2017), Loupé, Arles : Le Rouergue