Une fois n’est pas coutume mais assurément nécessaire ! La dimension politique que dégage ce numéro de la « Revue [petite] enfance » est à prendre en compte par les professionnel·le·s du terrain. En effet, ces articles démontrent en quoi l’organisation structurelle des lieux d’accueil de l’enfance porte sa part de responsabilités vis-à-vis des familles en situation de précarité. Si la mission sociale et préventive favorisant l’égalité des chances et l’intégration sociale des enfants est inscrite dans la loi vaudoise sur l’accueil de jour des enfants du 20 juin 2006 (LAJE), force est de constater que du chemin reste à faire pour endosser ces intentions dans leur globalité.
Les auteurs et autrices des articles de ce numéro relatent bien comment un système articulé autour d’enjeux sociaux, politiques et économiques fabrique également des situations inextricables pour certaines familles. Ces dernières en subissent des conséquences dommageables et leurs enfants en sont les principales victimes.
Si la lecture de ces textes, porteurs de contenus déstabilisateurs, peut se révéler ardue, il est important de s’y atteler afin de garder en tête combien les professionnel·le·s de l’enfance portent également la responsabilité de révéler certaines conséquences des décisions prises dans les bureaux administratifs, à distance des réalités du terrain.
Les vignettes présentées au fil des pages illustrent bien le travail de proximité effectué in situ. Toute personne travaillant dans un lieu d’accueil pourra s’y reconnaître, identifier les actions effectuées, l’engagement consenti et les émotions ressenties. Mais le travail de terrain ne fait pas tout car des constats dommageables persistent et leurs effets devront s’assortir de changements, de corrections, d’ajustements, afin de répondre aux valeurs humanistes dont nous nous revendiquons.
Dans l’intérêt de tous et surtout des familles concernées, des réponses innovantes sont à construire car les actrices et acteurs du terrain sont particulièrement bien placé·e·s pour relater les situations et proposer des solutions. C’est donc ensemble, grâce à nos connaissances et à notre lucidité, que nous pouvons agir pour plus de justice et d’équité. Ce numéro « Les enfances galériennes » est là pour nous y accompagner.
À lire également : Zaouche Gaudron, C. (Dir.) (2021), Quel accueil pour le jeune enfant en situation de pauvreté ? Un état des savoirs, Paris : CNAF
Revue [petite] enfance, no 140 : Les enfances galériennes