Le premier article de ce dossier thématique, publié dans la revue Métiers de la petite enfance, no 330 (juin 2004), donne la parole à des professionnelles engagées dans une structure d’accueil. À travers leurs témoignages, elles décrivent comment elles ont vécu leur arrivée dans une équipe déjà constituée, l’annonce d’un remplacement au pied levé pour une collègue malade, la situation d’une collaboratrice qui se plaint continuellement ou encore l’expérience d’une période particulièrement chargée à cause du manque de personnel.
Ces situations du quotidien auraient pu être une source supplémentaire de difficultés et de stress, mais elles ont été vécues et gérées de manière professionnelle grâce à un travail d’équipe réalisé en amont, basé sur la construction de relations de confiance et d’une culture de la collaboration.
Pour ce faire, mais est-ce une surprise, il est nécessaire de disposer en suffisance de temps de discussion ainsi que de réunions thématiques en dehors de la présence des enfants ; la mise en place d’une communication constructive, les échanges sur les valeurs, la mutualisation des compétences et le partage des responsabilités apparaissent comme les ingrédients indispensables à la qualité de l’accueil des enfants et de leurs familles.
Le second article, rédigé par Marie Michalak, s’adresse aux directions. L’auteure introduit son propos par deux notions fondamentales qu’elle relie à la qualité du travail d’équipe : le concept de management horizontal ainsi que l’approche de l’intelligence collective.
La réflexion sur l’horizontalité dans les relations humaines est une notion qui dépasse le contexte du travail social. De nombreuses entreprises remettent en question les types de rapports de pouvoir qui constituent la norme au sein de leur champ, en développant des processus participatifs valorisant le rôle et les compétences de chacun·e. L’horizontalité, accompagnée d’outils de communication efficaces, encourage la créativité, la solidarité et l’implication des professionnel·les.
L’intelligence collective, quant à elle, valorise les compétences individuelles de chaque membre d’une équipe. Afin d’enrichir le travail dans le contexte de l’accueil collectif d’enfants, cette notion nécessite la mise en place d’une communication de qualité adaptée aux besoins de tous : enfants – parents – collaborateurs·trices, dirigeants. La Communication Non Violente en fait partie intégrante mais elle doit également s’accompagner d’outils de transmissions actuels comme la messagerie électronique par exemple.
L’auteure cite plusieurs exemples d’actions à même de consolider les bases d’un travail d’équipe et d’offrir à chacun de ses membres un sentiment d’appartenance et de reconnaissance de ses propres compétences, favorisant le plaisir au travail :
– des temps de réunion réguliers,
– des temps de transmission suite aux formations continues,
– la participation des collaborateurs·trices à la réalisation des plannings de travail,
– la création de projets spécifiques rendus possibles grâce aux formations individuelles, ce qui implique des budgets suffisants.
– des aménagements de locaux tenant compte des besoins des adultes,
– etc.
En conclusion, et bien que cela doive sembler évident à un nombre toujours croissant de professionnel·les, il apparaît essentiel d’améliorer les conditions de travail du personnel éducatif afin de pouvoir compter sur des professionnel·les engagées pleinement et durablement dans ce travail de care difficile et complexe autour des besoins des enfants, de leurs parents, de leurs familles au sens large… tout en prenant garde à ne pas devoir au passage négliger gravement leur propre bien-être.
Œuvrer dans ce sens serait le signe d’une reconnaissance – aux niveaux social et politique – d’un corps de métier qui peine à faire entendre la valeur de son engagement. Pire, cette valeur semble encore et toujours invisible, comme inscrite en creux dans la dynamique d’une société qui a son contingent de « productifs » mais a besoin pour cela d’un autre contingent plus fondamental, un socle, celui qui produit la vie humaine et les conditions permettant à cette vie de se déployer.
Un déficit de reconnaissance grave pèse sur cette portion de la population, fortement genrée et fortement racisée, qui travaille à la reproduction sociale ; or si elle faisait défaut (ou défection), ne serait-ce que quelques heures, quelques jours, la société telle qu’on l’a trouve s’effondrerait, ni plus ni moins.
Les articles de ce dossier sont disponibles au CREDE. Ils peuvent également être téléchargés à l’esede ou au CREDE en format numérique, via la plateforme EMPremium.
N’hésitez pas à contacter la médiathèque si ce dossier vous intéresse !
Métiers de la petite enfance, no 330 (juin 2024) : L’équipe au service de l’enfant