De manière subtile, le titre et l’image de couverture de cet album créent une interrogation pour le lecteur. Qui est cet enfant au regard si pénétrant et qui me place déjà à l’intérieur de cette histoire ? Dans la tête de ce petit homme ?
Dès la première page, on pénètre dans un univers coloré mais quelque peu surdimensionné par rapport à la taille de cet enfant, cette fois pelotonné sur un canapé.
« J’habite au milieu de la jungle. La jungle, ça me fait peur… »
Il va dérouler le fil de son histoire, partager avec nous sa manière de faire face à ce monde qui le submerge, en construisant une « cabane » protectrice autour de lui. Cependant, il y laisse une fenêtre, juste une, afin d’observer ce qui l’entoure, bien à l’abri.
Un jour et malgré ses craintes, il va oser une rencontre, jouer avec un autre enfant qui fait le premier pas dans sa direction : « Et je vois deux yeux profonds qui me regardent. Ce sont ceux d’un enfant, comme moi. Il me ressemble, je crois. Il sourit et dit : Tom ».
Cette rencontre illumine la vie de Tom (on connaît enfin son prénom) et ce partage laisse présager d’autres possibles sur son chemin.
Pour le lecteur adulte, le thème de l’autisme est clairement au centre de cet album. Les auteurs ont su, avec beaucoup de respect et de finesse, traiter d’un sujet difficile en littérature jeunesse. Ce récit bien construit, où l’autisme est décrit sans le nommer, va laisser au plus jeune lecteur la possibilité d’y puiser des ressources pour affronter ses peurs, mais aussi découvrir l’altérité et ainsi tracer sa route, à son rythme.
Plusieurs niveaux de lectures donc pour cet ouvrage sensible mais sans pathos, sauf peut-être la petite larme sur la joue des adultes à la fin.
Un vraiment bel accord entre l’auteure du texte, Anne-Gaëlle Fejoz, auteure, comédienne mais aussi orthophoniste, sensible à la différence et au monde de l’enfance et l’illustrateur, peintre et écrivain, Dani Torrent qui met de l’air, des couleurs et de la vie dans cette réalisation.
Fejoz, A.-G., Torrent, D. (Ill.) (2015), L’enfant derrière la fenêtre, Bruxelles : Alice Jeunesse