La démarche créative de Géraldine Alibeu pour l’album « Le refuge » est intéressante et digne d’être soulignée.
Pendant six mois, une école française a invité l’auteure en résidence afin de partager un projet d’enseignement axé sur la lecture et sur la culture littéraire partagée par tous.
Le refuge (l’ouvrage est alors en construction) sera le fil rouge de différentes activités. Au sein d’une classe, elle va donc participer aux différents temps scolaires, aux ateliers et autres événements littéraires à travers la ville. La réalisation de cet album s’inspirera de ce temps passé avec les enfants.
Voici comment l’éditeur Cambourakis présente ce récit :
« Richard décide de se construire un refuge en cas de besoin, un endroit bien à lui. Mais à peine le refuge terminé, sans lui demander son avis, un oiseau vient s’y poser pour faire son nid, puis une dame qui fuit ses enfants, un monsieur lui construit une tour de guet, des enfants viennent participer… Richard accueille tout le monde et s’inquiète de les protéger. Il finit par vouloir rentrer chez lui et laisse le refuge ouvert à tous ceux qui le souhaitent ; un abri miroir de la créativité et de la diversité des individus qui l’ont aidé à le bâtir.
Un album doux, coloré et généreux, qui donne une réflexion sur l’accueil et l’altruisme. »
Oui, cet album parle bien d’accueil, de partage et d’altruisme, mais il démontre aussi qu’avant d’être un refuge pour tous, cet endroit a été choisi et investi par Richard, qu’il a été à l’écoute de ses besoins en se lançant dans cette construction.
Le fruit de son travail va être reconnue publiquement (un agent de sécurité, un géomètre et deux ouvriers du bâtiment, rien que ça) et validé par une pancarte « refuge de Monsieur Richard ».
Choisir des matériaux, construire sa cabane prend du temps. On est déjà au milieu de l’histoire. Et c’est seulement à partir de ce moment que Richard sera à même d’accueillir des visiteurs désirant l’hospitalité.
Pour ouvrir sa porte, l’auteure souligne de manière subtile toute l’importance de pouvoir « échafauder » un lieu bien à soi avant !
Géraldine Alibeu se définit d’abord comme illustratrice, même si elle passe parfois par l’écriture, comme dans cet ouvrage. Pour ce dernier, elle utilise des collages de papiers divers, rehaussés de noir, sur fonds au crayon gris. Cette mise en scène illustre à merveille ces cabanes-refuges, faites de bric et de broc. Elle rend ainsi hommage aux enfants avec qui elle a partagé ces quelques mois.
Géraldine Alibeu déploie, comme à chaque fois, un style tout en sensibilité avec une grande tendresse pour la nature humaine.
A découvrir : le blog de cette résidence d’artiste
Alibeu, G. (2017), Le refuge, Paris : Cambourakis