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Continuer de réfléchir pour ne pas s’endormir

C’est Philippe Meirieu qui a les mots pour le dire : nous ne devons pas nous laisser gagner par l’indifférence, l’exigence éducative n’a pas de limite. Tout enfant est sacré et peut apprendre et grandir. C’est ce postulat qui fait de l’éducation une entreprise fondatrice d’un avenir solidaire et, en ces temps tourmentés, il est essentiel de le rappeler.

Citant Daniel Hameline et le courant de l’Éducation nouvelle, Philippe Meirieu, président des Ceméa (Centre d’entrainement aux méthodes d’éducation active) nous dit ceci : l’éducateur, l’éducatrice doit être et doit demeurer un·e insurgé·e. « Il est impossible d’éduquer sans croire, sans espérer, c’est-à-dire sans s’indigner de l’état dans lequel se trouve le bien le plus précieux de l’humanité, son enfance, vouée aux nuisances de toutes sortes, à la stupidité, à l’incurie de l’espèce que nous sommes ».[1] Rappelons que l’insurgé·e est une personne prête à se révolter, qui a une attitude de contestation face à un état de fait, prompte à se révolter contre l’ordre établi, l’autorité sociale ou politique.

Car l’indifférence risque à chaque instant de nous reprendre dans ses filets. Or, nous ne pouvons et devons pas être indifférent·e·s quand nous avons à faire avec les enfants. Il est nécessaire de les écouter. Leur parole peine à se faire entendre. Rajoutons que Françoise Dolto disait déjà en 1985 que quiconque s’attache à écouter la réponse des enfants est un esprit révolutionnaire.[2]

Nous savons cela mais nous l’oublions parfois. « Nous « fonctionnons » dans des « systèmes », nous évoluons dans des univers où le tumulte de nos querelles d’adultes risque de nous rendre sourds aux appels de l’enfance. » [3]

Il faut bien se réveiller intellectuellement de temps à autres, se dégager de nos habitudes et de nos certitudes – quand-même parfois nécessaires pour ne pas tomber dans la désespérance – et se ressourcer à ce qui nous donne de la vie et nous met en mouvement. Ne croyons pas qu’en travaillant sur nos questionnements nous nous affaiblissons. Au contraire, conjuguons nos indignations légitimes avec l’exigence d’une recherche éducative toujours plus poussée et inventive.

Il n’existe pas de recettes prêtes à être appliquées aujourd’hui.  On promeut de « bonnes pratiques » qui relèvent du formatage plus que de la formation. Il faut lutter contre toutes les tentations de résoudre les problèmes éducatifs et sociaux par la mise en conformité ou l’emprise psychologique afin de promouvoir des démarches de découverte et d’appropriation respectueuse du cheminement nécessaire vers la liberté !

 

[1] Meirieu, P. (2021), Continuer de réfléchir pour ne pas s’endormir, In : Vers l’éducation nouvelle, n° 582, p. 55
[2] Dolto, F. (1985), La cause des enfants, Paris, R. Laffont
[3] Idem 1