La question de l’accompagnement du développement global de l’enfant et du rôle de l’adulte dans ce processus reste une dimension prégnante qui habite les professionnel·les de l’enfance, accueillant·es en milieu familial compris, et ce peu importe les tranches d’âge.
Pour pouvoir accompagner les enfants dans leur développement « de manière suffisamment bonne », il apparaît important d’avoir des repères sur lesquels se baser.
Gladys Debieux commence par partager une brève définition du développement compris comme « un processus global et lent » comprenant deux phénomènes que sont la « croissance et la maturation »[1].
Le terme de « processus » qu’elle emploie démontre bien que le développement global de l’enfant s’opère de façon dynamique et évolutive. Bien qu’il y ait des étapes définies, il est important de spécifier que ce processus est propre à chaque enfant et que chacun le traverse d’une manière qui lui est singulière. L’autrice précise que cette singularité dépend de plusieurs facteurs qu’elle traduit par « génétiques, biologiques et environnementaux ».
Elle souligne également l’importance et la nécessité que l’enfant fasse de nouvelles acquisitions motrices par lui-même :
« Les postures que l’enfant réalise de son propre gré, par sa propre initiative, au moment où leurs appareils arrivent à maturation, sont mieux structurées car elles sont les effets d’une coordination de l’ensemble des parties du corps (…) [et ne peuvent] pas se produire si l’adulte fait. » [2]
Emmi Pikler
La majorité des professionnel·les de l’enfance sont en accord avec ce qui est dit par Emmi Pikler. Encore faut-il réussir à honorer son héritage ! Combien de bébés voit-on coincés dans des transats les empêchant de bouger ? Combien d’enfants voit-on dans des youpalas, en posture verticale alors qu’ils n’ont encore aucun équilibre sur leurs jambes ?
Dans cet ouvrage, il est aussi question de la temporalité dans laquelle s’inscrit le développement global de l’enfant. Les différentes acquisitions motrices sont étroitement corrélées avec l’évolution psychoaffective et cognitive de l’enfant. Lorsque le bébé arrive à se retourner sur le ventre, c’est un nouveau monde qui s’offre à lui, avec de nouvelles perspectives d’exploration et de mises en relation avec son environnement.
« Le corps se développe grâce au mouvement et les expériences sensorimotrices sont à la base même de la connaissance de soi et de son environnement. » [3]
Ceci est valable pour les bébés mais également pour chacun tout au long de la vie, car le mouvement permet de situer son corps dans l’espace et favorise une meilleure maîtrise de ses gestes ainsi qu’une meilleure appréhension du danger.
Gladys Debieux propose de parcourir le développement psychomoteur de la période fœtale jusqu’à la marche en fractionnant la période après la naissance en neuf « niveaux d’évolution psychomotrice » correspondant à différentes étapes de maturation du système nerveux :
Le développement psychomoteur s’opère également selon les lois céphalocaudales (de la tête aux pieds) et proximodistale (du centre du corps aux extrémités). Comme nous le savons, la posture d’un nouveau-né se caractérise par un enroulement sur lui-même, dû à un tonus élevé. Cette hypertonie induit une motricité indifférenciée qui se traduit par un mouvement global lorsque le nourrisson bouge. Petit à petit, le tonus va diminuer et permettre au bébé de différencier les parties de son corps, en commençant par la tête et le tronc pour aller vers les extrémités que sont les mains et les pieds.
L’autrice aborde également la question essentielle qui est celle du rôle de l’adulte dans l’accompagnement du développement et du jeu de l’enfant. Quelle posture (professionnelle) adopter ? Quels gestes faire pour soutenir le mouvement du bébé ? Quel environnement créer ? Question d’autant plus importante que les accueillantes reçoivent les enfants à leur domicile.
Cet ouvrage propose quantité de pistes très intéressantes et pertinentes qui valent la peine d’être découvertes ou revisitées.
Pour aller plus loin :
Lauzon F. (2019), L’éducation psychomotrice – source d’autonomie et de dynamisme. Presse de l’Université du Québec
Bibliographie :
[1] Debieux G. (2019), Au cœur du développement psychomoteur – des premières sensations à la marche, Philippe Duval, p.23
[3] Ibid, p.27