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Spectacle musical à l’UAPE du Parc – La Tour-de-Peilz 2018

Les enfants, en tant que groupe, ne parviennent pas, sans support, à prendre part à des discussions collectives, à s’engager et à se responsabiliser. La mise en œuvre d’un projet de spectacle a permis à l’équipe de favoriser la participation des enfants à la vie de groupe.

Il était une fois… une éducatrice de l’unité d’accueil pour écoliers (UAPE) du Parc, à la Tour-de-Peilz, qui avait suivi une formation intitulée « De l’art en collectivité ». Désireuse de réaliser un projet artistique avec la centaine d’enfants du lieu d’accueil, elle proposa à ses collègues et à la responsable de l’UAPE de s’embarquer pour une aventure d’une année. C’est ainsi que fut mis en scène le conte musical d’Emilie Jolie.

Par ce projet de grande envergure, l’UAPE a donné à chacun et chacune l’opportunité de construire une œuvre commune. En effet, les enfants, en tant que groupe, ne parviennent pas, sans support, à prendre part à des discussions collectives, à s’engager, à se responsabiliser.

A l’heure où leur participation devient un principe essentiel des lieux qui les accueillent, les conditions pour leur donner un pouvoir de codécision et de cogestion à leur mesure sont toujours à construire.

Il existe différents moyens qui permettent à une équipe de favoriser cette participation des enfants à la vie de groupe en y apportant une contribution qui sera reconnue. La mise en œuvre d’un projet collectif et sa réalisation en sont un. Les découvertes, expériences et acquisitions faites par les enfants supposent que ces derniers soient considérés comme des partenaires actifs et non pas des consommateurs passifs.

Donner à chaque enfant la possibilité de développer ses compétences sociales et de s’investir dans un projet de groupe en lien avec ses loisirs à l’UAPE ou à l’APEMS, c’est déjà contribuer à ce que cet enfant puisse découvrir, expérimenter et acquérir des façons d’être, de penser et de faire « pour tester le fonctionnement de son environnement et comprendre comment agir »[1].

Dans ce « tiers lieu » expression chère à Guy Coq [2], la relation n’est basée ni sur l’affectif, comme dans la famille, ni sur les enjeux d’apprentissage, comme à l’école, mais sur l’intérêt commun de l’enfant et de l’éducatrice ou de l’éducateur porté à l’activité proposée.

Ce magnifique travail d’équipe a permis de mettre en avant les compétences variées et complémentaires de chaque professionnelle pour gérer les questions financières, logistiques, administratives, pédagogiques, artistiques et organisationnelles de cet événement.

Le conte musical d’Emilie Jolie relate l’histoire d’une petite fille débordant d’imagination qui, un soir, laissée seule à la maison, entend les personnages d’un livre d’images l’appeler à la rejoindre dans leurs pages.

Sur la centaine d’enfants âgés de 4 à 10 ans, presque tous ont participé à la création des différents panneaux de décors, des costumes, des masques, des flyers et du programme distribué aux spectateurs et spectatrices. La moitié d’entre eux ont participé directement sur scène, en mimant, dansant, chantant et racontant l’histoire.

Cette expérience a permis de tisser des liens précieux entre enfants mais également avec les éducatrices.

Si on se réfère à une étude de Benoit Dejaiffe[3], les enfants sont très attachés aux compétences des adultes qui mènent une activité avec eux et qui leur permet de vivre une expérience plus démocratique de la relation adulte-enfant. Cette qualité est source d’implication dans le projet proposé.

Le conte musical a été joué dans la salle de spectacle de la ville. Plusieurs parents ont offert leur aide, le jour-même, derrière la scène. La salle des Remparts de 300 places était comble et a permis un moment de partage fort en émotions entre parents, enfants et équipe éducative mais également entre les membres de la fondation et de la direction qui ont accordé leur confiance aux auteures de ce projet.

Si, depuis la rentrée scolaire, tout le monde est passé à autre chose, le « Lapin bleu » (sous forme de peluche) tient encore bien sa place à l’unité du Parc. L’équipe éducative sait que le souvenir des autres personnages se niche quelque part dans le cœur des enfants : une sorcière qui en a assez d’être méchante, des autruches qui rêvent de gloire, des hérissons qui se désespèrent de piquer et surtout, une petite fille qui peut voyager dans les pages d’un livre !

Un livre géant, conçu pour le spectacle, permet à chacun de repartir dans l’aventure d’Emilie…et une vidéo amateur sera peut-être bientôt à disposition.

 

L’équipe éducative de l’UAPE du Parc et le CREDE

 

[1]  GLAJ-Vaud Groupe de liaison des activités de jeunesse, Pourquoi parler de citoyenneté aux jeunes ?
Disponible en ligne : http://wwwglaj-vd.ch

[2] Coq, G., (1994), Tiers lieu éducatif et accompagnement scolaire, Migrants-Formation, 99, pp. 53-57.

[3] Dejaiffe, B. (2018), La discontinuité éducative comme possibilité de bien-être », in:  N. Rousseau,  G. Espinosa (Dir.), Le bien-être à l’école. Enjeux et stratégies gagnantes, Québec, Presses de l’Université du Québec, pp. 63-81