Repéré pour vous

En France, dans les institutions de la petite enfance, les hommes représentent moins de 2% du personnel éducatif. Pourtant, et c’est une évidence, la présence mixte des hommes et des femmes auprès des enfants leur offre des modèles variés et enrichissants !

Et pourquoi donc acceptons-nous que les enfants soient privés de ces figures au masculin ? Tournier pose cette question en décrivant quelques situations vécues par ces rares professionnels qui s’engagent dans le milieu de l’éducation – jusqu’à récemment réservé aux femmes.

Assumer le choix d’un tel métier n’a rien d’évident pour un homme ; sa future présence auprès des tout-petits suscitera des réactions diverses de la part des parents. Pour certains, de l’étonnement, et pour d’autres, un véritable sentiment de méfiance et de soupçon. De là à dénoncer des gestes trop intimes, il n’y a qu’un pas. Certains professionnels en feront la douloureuse expérience

La question suivante est celle d’un père qui s’interroge sur sa légitimité de passer du temps au quotidien auprès de ses enfants. Son devoir n’est-il pas de travailler dur pour assurer avant tout la subsistance des siens ?

La conférence se termine sur l’histoire d’un directeur bienveillant, prêt à partir à la retraite, « adoré » par les quarante collaboratrices de l’institution puis par le récit plus sombre de son successeur qui, pour s’affirmer, tentera de recadrer son équipe, en vain. Le constat est évident : dans les milieux professionnels conjugués au féminin, les postes à responsabilité sont encore très souvent occupés par des hommes. Pour ces derniers, il peut être difficile d’y assurer une position de leader basée sur une rencontre authentique permettant ainsi d’échapper au piège de l’idéalisation.

Conférence de Jean-Luc Tournier, psychologue, donnée en l’honneur du départ à la retraite de Jean-Claude Seiler, chef du Service de l’enfance à Lausanne (6 octobre 2021).