Repéré pour vous

« Un silence, ça ne se voit pas, ça s’écoute » dit Joan, le personnage principal de cette histoire.

Au milieu de tout ce tintamarre, Joan tend l’oreille pour dénicher malgré tout, des petits silences qu’il glisse dans un grand sac. Une goutte de pluie, le silence d’une feuille dans la nuit ou encore le sourire d’un passant. C’est de cette façon qu’un jour il découvrira le tout petit silence bleu. Il lui faudra encore attendre le moment opportun pour partager ses trésors avec ses proches.

Voici un album de bonne taille ou le blanc de la couverture contraste avec les premières pages très colorées et débordantes. Un visuel qui nous plonge effectivement dans une abondance assourdissante pour s’apaiser peu à peu et laisser de la place au blanc de la page, aux espaces.  Les mots et les images s’estompent, créant une atmosphère feutrée propice à saisir, tout comme Joan, ce petit silence bleu.

La lecture à voix haute de cet ouvrage en fait jaillir toutes les tonalités mais aussi toute la poésie. Au fil des pages, petites et grandes oreilles se laisserons guider vers l’apaisement que procure la douceur d’un silence partagé.

Dans la musique, le silence nous place dans l’attente de ce qui va suivre, laissant entrevoir le son qui approche. Il nous offre une disponibilité à imaginer, à être surpris. Dans une partition c’est un soupir, une pause, une valeur temporelle …

Et dans la philosophie orientale, il est dit que « c’est par le vide qu’un vase contient, qu’un luth résonne, qu’une roue tourne »

« La véritable musique est le silence, et toutes les notes ne font qu’encadrer ce silence ».

Miles Davis

Serres, A., Poirot Cherif, S. (Ill.), 2017, Un tout petit silence bleu, Voisins-le-Bretonneux : Rue du Monde