Dans le canton de Vaud, l’accueil familial de jour occupe une place essentielle dans le panorama de l’accueil de jour des enfants. Lorsque le comportement et/ou les besoins spécifiques d’un enfant rendent l’accueil plus complexe, les coordinatrices AFJ peuvent désormais collaborer avec les coordinateur·trices à l’inclusion de leur réseau, si la fonction a été créée dans le réseau en question. Cette coopération, encore en construction, ouvre des perspectives prometteuses pour renforcer l’accompagnement des accueillant·es (AMF) et par extension, la qualité de l’accueil des enfants.
Bien que le rôle des coordinateur·trices à l’inclusion reste identique dans chaque réseau, les modes de fonctionnement quant à eux varient. Dans certains réseaux, la proximité entre les coordinations AFJ et les coordinations à l’inclusion – parfois jusqu’au partage de bureau – facilite le suivi des situations et la circulation des informations. Lorsqu’un besoin d’accompagnement est identifié, tout un processus se met en place : première rencontre entre les deux coordinations puis entretien tripartite avec l’accueillant·e et, si nécessaire, observation directe de l’enfant dans son milieu d’accueil. Ces échanges permettent d’apporter des pistes concrètes visant à améliorer les accueils difficiles tout en garantissant une transparence vis-à-vis des parents.
Ouvrir la porte de son environnement de travail peut cependant susciter une certaine appréhension chez l’accueillant·e : il s’agit de son espace privé et de son lieu de travail. Les coordinateur·trices à l’inclusion s’adaptent donc, par exemple en proposant des rencontres à l’extérieur. Cette flexibilité contribue à instaurer un climat de confiance, nécessaire à toute bonne collaboration et à son suivi de qualité.
Les coordinatrices à l’inclusion rencontrées s’accordent à dire que les accompagnements dans le cadre de l’accueil familial de jour sont globalement moins fréquents que dans le secteur collectif que sont les crèches ou les UAPE. Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette différence :
– Les accueillant·es connaissent souvent les enfants depuis longtemps et ajustent intuitivement leurs pratiques, ce qui peut masquer des besoins particuliers.
– Certain·es AMF hésitent à demander de l’aide, craignant une rupture de contrat et par conséquent, la fin d’un accueil.
– Le lien, qui se veut de confiance et bienveillant, avec la coordination AFJ est déterminant pour permettre l’expression des difficultés vécues par l’accueillant·e.
La majorité des AMF exprime le même besoin, soit de « bénéficier d’outils pratiques et de solutions directement applicables à leur quotidien ». Dans la plupart des cas, les accueillant·es se montrent curieux·ses, ouvert·es et prêt·es à apprendre, notamment lors de formations collectives ou d’ateliers participatifs qui favorisent le partage d’expériences. Ces espaces, souvent coanimés par les coordinations inclusion et les coordinations AFJ, abordent des thématiques telles que la gestion des émotions, la compréhension du comportement des enfants ou la mise en œuvre de stratégies concrètes.
L’expérience montre que les collaborations existantes offrent déjà de réels bénéfices. Des procédures claires dans certains réseaux, des événements collectifs (cafés-contacts, colloques, ateliers) et la possibilité de recourir à des relais comme organisés par l’AMIFA pour la ville de Lausanne démontrent cet état de fait.
Cependant, plusieurs éléments freinent encore l’évolution de cette collaboration :
– le manque d’assurance de certaines accueillant·es face à des situations complexes ;
– la variabilité des pratiques entre régions ;
– le risque que les recommandations soient trop théoriques et difficiles à transposer au quotidien.
Face à ces constats, les pistes évoquées par les coordinateur·trices à l’inclusion soulignent la nécessité d’un cadre cantonal harmonisé, garantissant des pratiques cohérentes tout en respectant les particularités de chaque région. Renforcer la formation continue, en lien avec la Communauté d’Intérêt pour l’Accueil Familial de Jour (CIAFJ), permettrait également de consolider les compétences et la confiance des accueillant·es.
Sur le plan stratégique, la création de lieux d’échanges interprofessionnels comme les formations, les ateliers ou autres rencontres thématiques) favoriserait une culture commune entre le secteur de l’accueil familial de jour et les coordinations à l’inclusion.
Sur le terrain, l’enjeu reste d’intervenir de manière précoce, avant que les situations ne deviennent trop lourdes pour les familles comme pour les accueillant·es.
Les collaborations entre le secteur de l’accueil familial de jour et les coordinations à l’inclusion se développent progressivement et montrent leur pertinence. Elles contribuent à un accompagnement plus fin des enfants et à un meilleur soutien des accueillant·es.
En consolidant ces partenariats, en harmonisant les approches et en reconnaissant pleinement la valeur ajoutée de la fonction de coordination à l’inclusion, le canton de Vaud se donne les moyens d’offrir aux familles et aux enfants un accueil familial toujours plus cohérent et inclusif grâce à un accompagnement des accueillantes plus ajusté et global.