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Repéré pour vous

Compétences professionnelles

Les repas en accueil familial de jour : entre individualités et organisation, ou comment faire de ce moment un moment de plaisir ?

Comment, en tant que coordinatrice, accompagner les accueillant·es dans une réflexion globale sur le moment du repas, tout en tenant compte des spécificités de chacun·e ?
L’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE), organisme belge dédié au soutien des familles et des professionnel·les sur les questions liées à l’enfance, propose des ressources pour aborder cette thématique. Son guide "Manger, c’est plus que manger" explore cette question essentielle à travers une approche théorico-concrète, offrant des outils pratiques pour faciliter l’organisation des repas et des grilles d’analyse adaptées.

L’accueillant·e en milieu familial reçoit les enfants à son domicile. Pour ce faire, elle doit réorganiser sa vie privée et familiale afin que son activité professionnelle y trouve sa place sans en prendre trop…. L’AMF et sa famille sont en interaction avec l’extérieur, qui se compose de multiples réalités, notamment celles des différentes familles accueillies.

Dans ce contexte particulier, la question des repas est loin d’être anodine. En effet, ici encore la part personnelle, privée et affective de l’accueillant⋅e occupe une place prépondérante. Le rapport que l’AMF a avec la nourriture, ce qu’elle aime manger ou cuisiner….
À cela, s’ajoute les préférences des enfants accueillis, mais ce n’est pas tout… Lorsqu’un membre de la famille prend part au repas, le goût de chacun d’entre eux est également un élément dont il faut tenir compte. L’accueillant⋅e cuisine non seulement pour les enfants accueillis, mais également pour sa famille et, nous l’espérons, un peu pour elle aussi !

Quel casse-tête !

Et ce n’est pas terminé ! Qu’en est-il des familles ? Elles sont toutes différentes et ont également leur propre rapport à la nourriture. Dans la pratique, nous observons très souvent que la question des repas est sensible. Les parents veulent, avec raison, que la nourriture proposée aux enfants soit équilibrée et variée. Le niveau d’exigence est élevé… voire très élevé ! De plus, selon les cultures, certains aliments sont interdits à la consommation… Et à cela, s’ajoutent les allergies et les intolérances !

Et ce n’est toujours pas terminé ! Jusqu’ici, nous n’avons abordé que le rapport de chacun à la nourriture. Une autre dimension, inhérente à la question du repas, apparaît comme étant primordiale : il s’agit de ce que représente le moment du repas pour chacun, pour chaque famille, celles des enfants accueillis, mais également celle de l’accueillant⋅e. Est-ce un moment de partage et d’échange ? Un moment durant lequel les enfants peuvent parler – avec les adultes et entre eux ? Un moment durant lequel il faut rester assis et tranquille ? Et la liste n’est pas exhaustive…

Là encore, nous voyons bien à quel point ces différents éléments, « ingrédients du repas », se chevauchent et s’entremêlent.
Nous parlions d’un casse-tête, mais la question des repas en AFJ est bien plus que cela. C’est un moment à penser au même titre que les activités et l’organisation de la journée. Il fait partie intégrante de ce à quoi il est nécessaire de réfléchir lorsqu’il s’agit de penser à la qualité de l’accueil proposé.

C’est un critère de premier choix !

Nous pourrions même aller jusqu’à dire que le moment du repas, avec tout ce qu’il implique, est le centre névralgique de la journée d’accueil de l’AMF !

Dans son guide « Manger, c’est plus que manger ! », l’ONE souligne :

« Au-delà d’une réponse aux besoins primaires des enfants, dans toutes sociétés, le moment du repas structure les relations humaines, s’appuie sur des codes culturels : quels aliments, quelles préparations, quelles règles d’usage ?… »

Lorsque nous parlons de repas, il ne s’agit, en effet, pas que de nourriture mais également :

d’organisation spatiale, car l’espace est organisé en fonction du nombre d’enfants, de leur âge, de la dynamique de groupe et de l’espace à disposition ;

d’organisation temporelle, car les enfants n’arrivent pas forcément au même moment. Il est même d’ailleurs nécessaire d’aller en chercher un certain nombre à l’école. Il peut aussi y avoir plusieurs services, jusqu’à trois voire quatre !

de règles, car pour le bien-être de tous, la collectivité exige la mise en place d’indications à suivre ;

d’hygiène, car pour des raisons évidentes de sécurité sanitaire, il est nécessaire d’avoir une attention particulière à la propreté de la cuisine, des ustensiles et des biberons, à la durée de vie des aliments frais et aux dates de péremption ;

d’individualité, car l’AMF doit se rendre disponible pour chacun et s’ajuster, autant que faire se peut, aux différents besoins des enfants qui arrivent à table avec leur histoire de vie ainsi qu’avec tout ce qu’ils ont vécu durant la matinée.

En tant que professionnel·les de l’enfance, les accueillant·es en milieu familial doivent prendre en compte tous ces aspects.

Quelques sueurs froides en perspective !

Et n’oublions pas qu’à tous ces éléments s’ajoute encore le coût ! Les repas doivent être bons, de qualité, variés, joliment présentés, équilibrés et « peu coûteux » ou du moins, ne pas aller au-delà de ce qui versé aux accueillant⋅es.

Un autre challenge !

Après cela, je pense qu’il nous est possible de dire que travailler en tant qu’AMF signifie en réalité être : éducateur⋅trice, cuisinier⋅ère, personnel de ménage et qui plus est… papa ou maman !

Qui osera encore dire après cela que les accueillant⋅es en milieu familial ne sont pas des professionnel⋅les de l’enfance à part entière ?

 

Et pour aller plus loin :

– Brougère, G. (2016), La danse des tout-petits à l’école maternelle. In : Garnier, P., Brougère, G., Rayna, S., Rupin, P. (2016), A 2 ans, vivre dans un collectif d’enfants – crèche, école maternelle, classe passerelle, jardin maternel, Toulouse : Erès, pp. 23-104.

Cahier CEMEA, no 278 (2018) : Cuisiner pour un groupe : infos et astuces

– Monnery-Patris, S. (2012), Manger à la crèche. In : Cyrulnik, C., Rameau, L.  L’accueil en crèche, Savigny-sur-Orge : P. Duval, pp. 31-43

– ONE (2018), Manger, c’est plus que manger (fiches), Bruxelles : ONE

Revue petite enfance no 111 (2013), Les nourritures terrestres, pp. 6-55