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Et si l’on proposait aux enfants de faire la sieste dehors ?

Durant toute la période scolaire, les accueillantes font preuve d’une grande rigueur. Elles gèrent les horaires de chacun - les arrivées et les départs des écoliers et des écolières, ainsi que les horaires de bus. La sieste des plus petits s’inscrit dans ce rythme soutenu. Elle est souvent écourtée pour aller chercher les enfants scolarisés.
Les vacances scolaires permettent de changer de rythme. L’accueillante peut ralentir et accompagner le groupe sans avoir ces préoccupations d’horaire.
Les vacances d’été paraissent être la période idéale pour proposer aux enfants de faire la sieste à l’extérieur !

Dans la pratique avec les enfants, il arrive souvent que les bébés et les plus grands de 2 ou 3 ans aient beaucoup de peine à s’endormir. Ils pleurent et luttent contre le sommeil. Certains se réveillent même en étant mal à l’aise et peu reposés.

Plusieurs études attestent des bienfaits de proposer aux enfants d’évoluer le plus possible dans la nature, voire même de dormir à l’extérieur. Cette façon de faire est très courante en Allemagne ainsi que dans les pays scandinaves.

En Norvège, la nature est considérée comme étant le milieu indispensable et idéal pour que le développement des enfants se passe dans les meilleures conditions et soit le plus harmonieux possible.

En effet, « être dehors » permet à l’enfant non seulement de développer des capacités physiques mais également des compétences psychomotrices, sensorimotrices, cognitives, affectives et sociales.

Autant d’effets positifs qui poussent les professionnel·les à sortir des structures d’accueil ordinaires et mobilisent leur créativité pour proposer et développer leur concept pédagogique.

Les recherches ont démontré les effets bénéfiques des sorties et des jeux à l’extérieur. Les enfants se portent mieux, tombent moins malades, connaissent mieux leur corps avec ses forces et ses faiblesses.

C’est dans les années 50 que l’Institut Lóczy, fondé en Hongrie, développe et promeut la pratique du « sommeil en plein air ».

Aujourd’hui, en Norvège, les « barnehage » ou jardins d’enfants ne proposent pas de lits à l’intérieur. Tous les enfants dorment à l’extérieur, dans des habits et autres sacs de couchage adaptés. Ils peuvent dormir ainsi à des températures atteignant moins dix degrés, à condition que le matériel soit adapté !

Les études démontrent également que le fait de dormir en plein air peut aider les enfants à dépasser les difficultés d’endormissement et diminuer les troubles du sommeil. Les siestes peuvent durer plus longtemps et passer de 20-30 minutes à 2 heures ! L’ambiance extérieure favorise l’apaisement et le lâcher-prise. Cette atmosphère apporte également une sensation d’enveloppement. Les bruits ambiants offrent un contenant qui permet aux enfants de se sentir en sécurité.

Pourquoi ne serait-il pas possible de le faire chez les accueillant·es en milieu familial ? Il paraît effectivement tout à fait envisageable de le proposer aux enfants lorsque l’organisation globale le permet – en période  de vacances scolaires ou si le groupe n’est constitué que d’enfants non scolarisés, par exemple. À partir du moment où l’environnement est sécurisé, la sieste peut alors se faire dans un parc mais aussi dans le jardin ou sur la terrasse de l’accueillant·e, voire même sur son balcon !

Autant de raisons pour se laisser tenter et apprivoiser cette « nouvelle » manière d’envisager l’accompagnement de l’enfant, son éducation et son développement.

 

Pour aller plus loin :

Casso-Vicarini N., Charpentier M. (2023), L’ouverture à la nature, l’exemple de la Norvège, In : Métiers de la petite enfance, n°316, pp.18-19

Deligne I, (2017), Et si on tentait la sieste à l’extérieur ?, In : Le Furet, n°85, pp. 34-35

Dubuis A.-L. (2016), L’accueil de la petite enfance en Norvège, In : Métiers de la petite enfance, n°230, pp.20-22

Niessen S. (2023), Rendons la nature accessible aux jeunes enfants, In : EJE Journal, n°102, pp. 24-25

Vermersch M. (1996), Dormir en plein air, In : Enfant d’abord, n°225, pp. 24-25